Il fallait avancer, et pour ce faire j'étais aidée par la certitude que mon ancienne vie appartenait à un passé que j'étais en train d'abolir.
Cela faisait dix bonnes minutes, oui, dix-putains-de-bonnes-minutes que tu courrais après le foutu pokémon que tu avais aperçu en revenant à Gavotte-Ville. Tout c'était passé comme ça, attention, c'est une histoire très compliquée.
Tu marchais tranquillement dans les rues de la petite bourgade, pas loin de l'ouverture pour la route 1, léchant avec gourmandise une glace au caramel que tu venais de t'acheter. De bonne humeur, prête à poursuivre ton chemin par la route 14.
Puis, tu avais vu ce petit pokémon, mignon comme tout. Une petite boule de peluche, qui te faisait des sourires innocents. Alors, stupide et innocente que tu étais, tu t'étais approchée de lui, t'agenouillant pour tendre la main et le caresser doucement.
Elle était mignonne, cette petite boule de poil. Pas très haute, bleu et blanche, avec des jolies qu'on avait envie de tirer, et des grands yeux malicieux. Attendri, tu avais alors sorti ton fameux paquet de biscuits à la vanille dont semblait tant raffoler ton équipe, pour en donner un au Goinfrex.
Mais malheur ! C'est là que tout part en vrille !
La malheureux vola ton paquet et s'enfuit en courant. Ton sang ne faisant qu'un tour, tu sautas sur tes jambes, et ouvrit la pokéball de Virtutem.
— Vite ! Il a volé les biscuits à la vanille !
Le visage de ton Riolu se durcissant, il se mit à grogner, en direction des buissons qui bougeait, là où le voleur s'était enfui. Décidément, tu te faisais tout le temps voler tes biscuits, ces derniers temps. En premier lieu, avec Requiem, mais tu avais fait une exception et tu lui avais pardonné. Mais là, pas moyen de pardonner à ce Goinfrex.
Et puis, il était assez gros comme ça, il n'avait pas besoin de biscuits à la vanille, LUI.
Et voilà. On en revient donc à la situation de départ. Dix minutes que tu courais après ce salopard de voleur, remuant ciel et terre pour retrouver TES biscuits. Non de non.
Virtutem finit par pousser un petit cri, et tu accourus vers lui.
Ah ! Il était là !
— Goinfrex, tu n'es qu'un sale voleur ! Sale bête ! Rend moi mes biscuits !
Le pokémon te tira la langue, vidant le paquet dans sa bouche, et tu vis rouge. Il osait encore manger TES biscuits volés devant toi ? Il avait du culot. Et sûrement beaucoup de souci à se faire, désormais.
— Virtutem ... murmuras-tu, tandis que le riolu se mettait en position, lui aussi, prêt à en découdre avec le chapardeur.
Tu pointas la boule de poil de ton doigt, énervée, une aura colérique se formant autour de toi.
— Morsure !
Virtutem bondit vers le goinfre, si vite qu'il ne put pas éviter la paire de crocs qui se planta dans sa chair. Ton starter resta un instant accroché par la force de ses mâchoires à lui, mais le Goinfrex lui mit un coup sur la tête, et le Riolu retomba sur le sol, légèrement sonné.
Jubilante, tu lanças un regard de défi à ce maudit estomac sur pattes.
— Alors, ça fait mal de se faire mordre ? Tu as subi le même sort que mes pauvres biscuits !
Tu baissas un peu la tête pour regarder Virtutem qui s'était relevé un peu et qui était resté pas loin de son adversaire.
— Vive-attaque, maintenant !
L'air se fendit, Riolu disparu l'espace d'un instant, réapparaissant dans les airs pour donner un coup vif au Goinfrex, qui décolla et finissant dans le tronc d'un arbre. Sonné, il lâcha le paquet, et les quelques miettes qui restaient encore dans le paquet s'éparpillèrent dans l'herbe verte.
Tch.
Le filou prit la fuite, et tu le suivis des yeux, agacée.
— Lâche ! Sale bête ! Criais-tu encore, alors qu'il n'était plus qu'une silhouette au loin.
Virtutem s'approcha de toi, et tu le pris dans tes bras, cherchant un potion dans ton sac pour soigner ses tourments. Tu lui caressas doucement la tête, un sourire candide sur les lèvres.
— Tu m'as bien vengé, Virtu', tu es le meilleur !
Puis, une branche cassa derrière toi, et tu te retournas brusquement. Entre les arbres, pris au piège parmi quelques branches, il y avait un garçon qui te regardait bizarrement, et qui semblait avoir vu tout l'affrontement puéril entre le pauvre goinfrex et toi.
Il y eut un instant de silence, et tu pouffas de rire.
— Je te jure que je ne suis pas une braconnière de pokémon !
Il devait avoir une super bonne impression de toi, super. Et voilà que tu lui sortais encore tes blagues à deux balles.